Série d'interviews Maurice Born, Agia-Varvara, Athènes, 1972,1973.
Pavlakis, malade de la lèpre, interné d’abord à la station antilépreuse d’Agia Varvara (Athènes), puis sur l’île de Spinalonga pendant une quinzaine d’années.
Extrait 1 – durée 1 min 21 sec.
Ici, le lépreux qui n’a pas été marqué par le mal ne veut pas de nous les vieux, les estropiés. Il nous fuit. Non, ici, dans notre cercle, il ne nous évite pas, mais dehors, en société, il ne nous parle pas. L’autre jour à l’église (il s’agit d’une église qui se trouve dans l’enceinte de l’ancienne station antilépreuse), il y avait certains anciens malades, qui, guéris, habitent maintenant dans Agia Varvara, (dans les alentours de la station antilépreuse, précise Remoundakis). Bon, j’ai vécu ici avec deux d’entre eux. Aujourd’hui, sortis, ils n’ont aucun signe, ils sont comme les gens en santé. […] Quand ils m’ont vu, immédiatement, l’un des deux est sorti de l’église. Quant à l’autre, il s’est tenu à l’écart de moi d’une façon qui me désignait comme malade. Quand nous sommes sortis, je lui ai demandé : « Tu avais peur que je salisse ton image ? — Oui », il m’a répondu.
Extrait 2 – durée 37 sec.
Rien n’a jamais été obtenu de l’état sans combat. C’est-à-dire, jamais le directeur n’est venu nous voir en demandant ce qu’il fallait faire, peut-être fallait-il faire une chemin, ou aménager telle chose, ou faire venir tel médicament… en le considérant en tant que responsable, ou en tant qu’état, jamais. C’est nous qui le voyions, qui le demandons… et ils nous le refusaient… et nous devions mener de d’énormes combats afin d’obtenir satisfaction. C’est à dire… si nous avions eu le soutien des dirigeants, là notre société aurait été totalement différente.