Chaniotikos Stafidianos, mandinada

La mandinada est un poème traditionnel chanté en dialecte crétois. Issue du fonds populaire, elle est composée de couplets rythmés de quinze syllabes et autorise l’improvisation. Passant oralement d’une génération à la suivante, elle traite des amours et des peines des hommes.

Stafidianos de Chania (Chaniotikos Stafidianos)

Interprété par Sex, drugs & rebetiko, enregistré par Emmanuel Duval (2015)

La mélodie de Stafidianos prend de l’âge
Mais ne s’épuise pas
Et là où il y a de l’amour en secret,
Elle le révèle

Mon cœur a souffert
Et tu en es cause et prétexte
Je suis entré dans le tourment
Et je ne peux plus m’en échapper

On désigne par le surnom de Stafidianos, littéralement « Celui du raisin », Mehmet Beys Stafidakis, un musicien de Chania né en 1878. Il était fils unique d’un grand propriétaire terrien de la région dont le nom traduisait l’importance de la production familiale de raisin (stafida). Ses mélodies et sa compagnie étaient appréciées de tous, musulmans comme chrétiens. Très amoureux de sa femme Fatmé, il ne manquait jamais de lui dédier les premières mandinadès de ses prestations, sur cette mélodie qui porte désormais son nom. Les distiques traduits ici ont été enregistrés par Stelios Foustlieris et Giannis Bernidakis (dit Baxevanis) en 1938 sur la mélodie de Stafidakis.

Pourtant, les temps peuvent bien être durs et sombres, le fil monotone de la vie trouve quelque chose pour s’accrocher. Un jour est arrivé dans notre village Giorgos Skoulas, originaire des îles du Dodécanèse, virtuose du violon, possédant de plus un répertoire intarissable de chants et de danses locales. Il s’est installé comme menuisier, puis s’est marié quelque temps plus tard. Trindsis s’est immédiatement attaché à lui, et bientôt ils se retrouvaient tous les dimanches au café pour boire un coup. Tôt ou tard, Skoulas sortait son instrument et commençait la mandinada. Alors Trindsis se levait et, les bras au ciel, tournoyait d’abord autour du musicien, puis de sa poitrine sortait un chant, une lamentation pour la mort injuste de son garçon. (VM, p. 45)