Épisode 3 : le destin

Délivré du sortilège de la demoiselle par Merlin, le roi Méliadus, le père de Tristan, épousa la fille du roi de Petite Bretagne. Le roi Marc de Cornouaille prenait peur quant à lui de la puissance de son voisin de Loenois, et fomentait des complots pour les tuer, lui et son fils. Il arriva à ses fins et Méliadus périt de la main de deux chevaliers lors d’une partie de chasse.

Peu après la mort tragique du roi Méliadus de Loenois, le conte dit que le roi Marc séjournait dans le palais d’une de ses cités ; il était seul, appuyé à une fenêtre qui dominait la mer, perdu dans ses pensées.

Il vit se présenter devant lui un nain qui avait le don de connaître l’avenir ; il avait longtemps résidé en Petite Bretagne aux côtés du sage Merlin qui lui avait enseigné l’art de lire l’avenir. Certes il était un nain mais il n’en demeurait pas moins le fils d’un roi. Pourtant, à cause de sa petite taille, son père l’avait chassé de son entourage car sa compagnie lui faisait honte. Le roi Marc l’avait gardé auprès de lui car il le savait intelligent et rusé. Il connaissait tant de choses obscures et d’aventures à venir que nul n’était plus savant, excepté le sage Merlin.

En voyant le roi Marc plongé dans ses pensées, il s’arrête devant lui et lui dit avec colère : « Pense, roi Marc. Pense donc. Tristan, ton neveu, le beau, le bon, la fleur entre tous les enfants, grandit et embellit de jour en jour. Il te plongera encore en de tristes et douloureuses pensées. Et à cause de ses actions, tu déclareras être un pauvre et misérable roi. » Quand le roi Marc entend ces paroles, il délaisse ses réflexions, relève la tête et dit au nain : « Sache que ce mal dont tu parles n’arrivera pas à cause de lui car je l’en empêcherai. Je le ferai tuer et n’aurai plus rien à craindre de lui. » Le nain répond : « Si tu le tues, tu causeras un dommage à la chevalerie tel que tu ne peux imaginer car le monde sera illuminé par ses vertus chevaleresques. Contemple quel désastre serait sa mort alors qu’il doit acquérir une si grande valeur.

— Mon neveu Tristan deviendra-t-il vraiment un si bon chevalier comme tu le prétends ? » fait le roi.
— Oui, sans aucun doute, répond le nain. Il sera tel que je te l’ai décrit.
— Au nom de Dieu, s’exclame le roi Marc, j’affirme alors ne pas lui faire de mal puisqu’il deviendra un si bon chevalier, selon tes dires ! Mais si tu ne me l’avais pas appris, son compte aurait été réglé prochainement. »

L’affaire en resta donc là et ne fut plus évoquée.

 

Le lai mortel

Ces chevaliers aventureux,
Qui en amour sont plus heureux
Que n’est Tristan le malheureux,
Ne connaissent pas d’amour douloureux.

Les autres vont leurs amours chanter.
Et j’en pleure et dois me vanter
Que nul jour un homme n’aima tant
Comme fit Tristan qui meurt pourtant.

 

Générique

Enregistrement : Studio Doudou Records - printemps 2019
Réalisation et mix : Sika Gblondoumé
Adaptation : Cécile Troussel
Musique originale : Sika Gblondoumé et Nicolas Sarris
Avec : Sika Gblondoumé (narration et chant) et Nicolas Sarris (chant, guitare, bouzouki, laouto)
Merci à Aurélien Lambert pour son aide à la réalisation, à Susann Vogel pour la direction de mise en voix et à Elouan Hardy pour avoir prêté sa voix pour le générique.
Coproduction : Éditions Anacharsis / Studio Doudou Records – 2019
Série réalisée avec le soutien de la région Occitanie Pyrénées-Méditerranée
Tristan, tome 1, le philtre, est publié aux éditions Anacharsis. Traduction du moyen français par Isabelle Degage depuis le manuscrit 2537 daté du XVe siècle et conservé à la bibliothèque de Vienne.

2038 lectures