Épisode 6 : le piège

Les prouesses de Tristan contre le Morholt d'Irlande ont sauvé la Cornouaille et fait de Tristan l’ennemi mortel de l’Irlande. Pourtant, le roi Marc finit par prendre ombrage de la renommée de plus en plus grande de son neveu. À plusieurs reprises, il tente de se débarrasser de lui.

Les saisons passèrent et le roi Marc tenait une séance avec ses barons. Ils lui reprochaient très sérieusement de ne pas être marié. Et Tristan, qui était devant lui, lui disait aussi : « Sire, Sire, il me plairait beaucoup que vous vous mariez car toute la Cornouaille en bénéficierait. » Le roi répond : « Tristan, puisqu’il vous plaît, alors j’y consens. Je veux que vous et nul autre alliez me quérir cette épouse. À vous de trouver cette femme douce et belle comme je la désire. » Tristan dit : « Sire, puisque vous me confiez cette mission, je préfèrerai perdre la vie plutôt que de ne pas la trouver.

— Je vais vous révéler le nom de celle que je convoite. Tristan, beau neveu, comme vous le savez, vous m’avez souvent dit et recommandé, si j’épousais une femme, de bien la choisir afin que je puisse jouir et me délecter de sa beauté. De pareille beauté vous ne m’avez loué qu’une seule femme. Vous en avez fait l’éloge et m’avez assuré qu’elle était la plus belle des femmes du monde. C’est elle que je désire et que je possèderai si je dois prendre femme. Et savez-vous de qui il s’agit ? C’est Iseult la Blonde, la fille du roi Angin d’Irlande. C’est elle que vous devez me ramener car elle est celle que j’aime et je ne pourrai en désirer une autre. Je vous prie, sans plus attendre, de prendre la route et d’emmener avec vous la compagnie de ma cour qui vous conviendra. Et prenez garde à n’avoir de repos jusqu’à ce que je la possède, ainsi que vous me l’avez promis devant ceux qui sont ici réunis. » Quand Tristan entend ces paroles, il lui vient maintenant à l’esprit que son oncle l’envoie en Irlande chercher sa mort plutôt que chercher la demoiselle. Il n’ose refuser ni se dérober à cet ordre, quoi qu’il advienne. Et le roi, qui souhaite plus son malheur et son embarras que son bien, lui demande, afin de dissimuler le piège : « Tristan, beau neveu, ne me donnerez-vous pas la demoiselle ?

— Sire, j’agirai de mon mieux, dit Tristan. Sachez que je préfèrerai mourir plutôt que vous ne l’ayez.

— Grands mercis, fait le roi. Hâtez-vous, préparez-vous et choisissez parmi ma cour les compagnons qui vous plairont, et efforcez-vous de mener à bien cette besogne rapidement car sachez que je ne connaîtrais plus de joie jusqu’à la venue à ma cour d’Iseult la Blonde dont vous m’avez tant loué la beauté. »

 

Le lai mortel

Adieu Iseult, adieu Amour.
Jamais de vous ne me plaindrai.
Je meurs de douleur pour aimer.
Je n’ai d’autre peur pour toujours.

Dans ma dernière lutte contre la vie,
Je prie ma douce ennemie,
Iseult, qui fut mon amie,
Après ma mort point ne m’oublie.

 

Générique

Enregistrement : Studio Doudou Records - printemps 2019
Réalisation et mix : Sika Gblondoumé
Adaptation : Cécile Troussel
Musique originale : Sika Gblondoumé et Nicolas Sarris
Avec : Sika Gblondoumé (narration et chant) et Nicolas Sarris (chant, guitare, bouzouki, laouto)
Merci à Aurélien Lambert pour son aide à la réalisation, à Susann Vogel pour la direction de mise en voix et à Elouan Hardy pour avoir prêté sa voix pour le générique.
Coproduction : Éditions Anacharsis / Studio Doudou Records – 2019
Série réalisée avec le soutien de la région Occitanie Pyrénées-Méditerranée
Tristan, tome 1, le philtre, est publié aux éditions Anacharsis. Traduction du moyen français par Isabelle Degage depuis le manuscrit 2537 daté du XVe siècle et conservé à la bibliothèque de Vienne.

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