Épisode 4 : l'adoubement

Le conte dit qu’après la mort du roi Méliadus, Tristan demeura en Loenois avec la reine sa marâtre. Jalouse de Tristan, elle cherchait à l’éliminer par tous les moyens. Gouvernal, protecteur de Tristan depuis sa naissance, le convainc alors de s'enfuir. Après moultes aventures, Tristan et Gouvernal arrivent en Cornouaille, à la cour du roi Marc. Ils se gardèrent de dévoiler leur identité à quiconque.

« Dieu merci, fait Gouvernal, vous avez tant grandi et embelli depuis que vous avez quitté le Loenois que nul qui vous connut ne vous reconnaîtrait à ce jour. Vous serez seulement en ce lieu un jeune homme étranger et non Tristan. Quand vous aurez tant servi votre oncle à votre volonté, vous aurez l’âge de recevoir l’ordre de la chevalerie. Votre oncle ou un autre, si vous préférez, vous le remettra. »

Tristan, devenu grand et beau, demeure avec son oncle jusqu’à l’âge de seize ans. Il est si vaillant et intelligent que petits et grands s’émerveillent.

Au début du mois de mai, selon le conte, un vaisseau irlandais arriva en Cornouaille. Le Morholt, qui était un valeureux chevalier, le dirigeait ; il venait réclamer le tribut que ceux de Cornouaille devaient verser à cette période aux Irlandais. Les gens de Cornouaille se mettent à se lamenter. Ils gémissent : « Enfants, vous avez été conçu par malheur. Par malheur vous êtes nés et avaient été élevés, car les Irlandais vont vous conduire dans leur pays et vous réduire en servage. Terre, pourquoi ne t’es-tu pas ouverte avant ? Tu aurais alors englouti nos enfants. Cela aurait mieux valu. »

Tristan, qui était parmi eux demande à un chevalier : « Dites-moi quelle est la cause de ce deuil et qui est donc ce Morholt dont tous parlent ? » Et le chevalier lui répond : « Beau frère, ce Morholt dont il est question est le frère de la reine d’Irlande. Il est l’un des meilleurs chevaliers du monde. Si d’aventure l’un des chevaliers de Cornouaille désirait contester le tribut qu’ils réclament, le Morholt serait prêt à défendre son droit contre le chevalier qui oserait prendre les armes. »

Alors que le roi Marc désespérait de trouver de l’aide parmi ses barons, Tristan se présente devant lui et demande a être adoubé chevalier.

Le roi Marc lui répond : « Bel ami, vous avez bien mérité, par votre prouesse et votre service, l’adoubement que vous me réclamez. Je m’exécuterai très volontiers puisque vous me pressez. » Le lendemain, à prime, le roi Marc l’adouba le plus honorablement possible. Sachez que tous ceux qui assistaient disaient d’une seule voix que jamais un aussi beau chevalier n’avait été vu en Cornouaille.

 

Le lai mortel

Cœur et sens, vue et oreilles,
Et l’âme qui toujours veille,
C’est merveille, en amour pris,
Que le lion meure pour la brebis.

À vous tous qui passez la voie,
Venez, que chacun de vous voit ;
Est-il douleur hormis la mienne ?
C’est Tristan, que la mort le craigne.

 

Générique

Enregistrement : Studio Doudou Records - printemps 2019
Réalisation et mix : Sika Gblondoumé
Adaptation : Cécile Troussel
Musique originale : Sika Gblondoumé et Nicolas Sarris
Avec : Sika Gblondoumé (narration et chant) et Nicolas Sarris (chant, guitare, bouzouki, laouto)
Merci à Aurélien Lambert pour son aide à la réalisation, à Susann Vogel pour la direction de mise en voix et à Elouan Hardy pour avoir prêté sa voix pour le générique.
Coproduction : Éditions Anacharsis / Studio Doudou Records – 2019
Série réalisée avec le soutien de la région Occitanie Pyrénées-Méditerranée
Tristan, tome 1, le philtre, est publié aux éditions Anacharsis. Traduction du moyen français par Isabelle Degage depuis le manuscrit 2537 daté du XVe siècle et conservé à la bibliothèque de Vienne.

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