6. La raison du plus fort est toujours la meilleure

Dissertation 6, par Jean-Baptiste-François Géruzez.

Lettre contenant l’épigraphe avec le nom de l’auteur.
Discours sur les animaux.

Épigraphe du discours sur l’influence que peuvent avoir sur la morale les traitements barbares envers les animaux.

« La raison du plus fort est toujours la meilleure ».
Geruzez, professeur de grammaire générale et de langues anciennes à l’école centrale de l’Oise et membre de la société libre des sciences, lettres et arts de Paris.

Pour Messieurs les examinateurs, plan du discours.

L’Institut a seulement proposé d’examiner l’influence que peuvent avoir sur la morale les traitements barbares envers les animaux, et quiconque aurait bien traité cette question remplirait le but de cette société savante. Je crois avoir fait ce qu’elle demandait à cet égard ; mais, en examinant le moral des animaux, leur sensibilité, je me suis aperçu qu’il était difficile de ne rien dire de leur intelligence et de leur raison. Se borner au simple énoncé de la question, c’était n’envisager les animaux qu’à moitié, c’était ne rien dire d’eux, de leurs principaux rapports avec nous, c’était ne pas faire sentir tous les points de contact qui les rapprochent de nous. J’ai cru qu’avant de parler de leur cœur, il fallait dire un mot de leur esprit, afin d’éclaircir davantage la matière, de faire mieux connaître les hommes et les animaux. Je me suis persuadé que l’on verrait avec plus d’intérêt, rassemblé dans un même discours, ce que l’on peut dire en faveur des animaux.
J’ai donc dans une première partie – que l’on ne me demandait pas formellement mais qui m’a paru fortement liée avec le sujet général – examiné ce que c’est que l’instinct, la raison, dans les insectes, dans les oiseaux et dans les quadrupèdes, présenté sur cet instinct quelques vues que je crois nouvelles, et montré qu’il ne diffère de la raison de l’homme que du plus au moins. J’ai rassemblé ensuite en un faisceau, les véritables avantages de l’homme sur l’animal, avantages que différents auteurs n’ont présenté jusqu’ici que d’une manière isolée.
De là, je passe à la question que l’institut a explicitement proposée ; après avoir offert des vues générales sur la sensibilité, je considère successivement et en suivant le plan de la 2e partie, les rapports que cette sensibilité nous donne, avec les insectes, les oiseaux, et les quadrupèdes. Ceci me conduit à quelques réflexions touchant la morale des animaux, sur laquelle je m’arrête un instant pour revenir avec plus de force à la thèse principale et prouver que les traitements barbares envers les animaux soit, dans les diverses professions de chasseur, de boucher, de <…>  etc… etc…, soit dans les jeux publics comme ceux des Romains et de quelques autres peuples, ont une grande influence sur les mœurs. J’apporte les sentiments des plus célèbres moralistes sur cette matière. Je touche un mot de quelques idées religieuses sur le même point, et je conclus en disant que nous avons des devoirs moraux à remplir envers les animaux, et enfin que l’influence des traitements barbares envers eux est telle qu’elle peut nous rendre barbares envers les hommes.
Descartes, Buffon, Condillac, La Fontaine, qui ont parlé des animaux, se sont présenté sur mon passage, je crois les avoir peints convenablement au sujet.
Enfin, dans la 3e partie ou la seconde question proposée par l’institut, savoir s’il convient de faire des lois à cet égard, je me suis décidé pour l’affirmative conséquemment à ce qui précède, et je détaille les différents points sur lesquels la police pourrait donner des règlements.
Voilà le squelette de mon plan, c’est au discours lui-même de dire le reste.
J’ai ajouté au texte un petit nombre de notes qui m’ont paru nécessaires.

P. 1
Discours sur cette question proposée par l’Institut en l’an X. 15 messidor.
Jusqu’à quel point les traitements barbares exercés envers les animaux influencent sur la morale publique ?
Et conviendrait-il de faire des lois à cet égard ?

Épigraphe : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». La Fontaine. Liv. 1.
Introduction :

En jetant les yeux sur l’univers, les premiers objets qui attirent l’attention de l’homme sont une multitude d’êtres diversement conformés qui naissent, vivent, se reproduisent et meurent comme lui. Un pareil spectacle ne peut lui être indifférent, et ces êtres ont nécessairement avec lui des rapports plus ou moins proches.
Dans l’enfance des sociétés, les animaux sont les ennemis et les rivaux de l’homme, ils lui disputent les productions de la terre, ils se multiplient à ses dépenses, plusieurs même attentent à ses jours ; il n’a alors avec eux que des rapports de destruction, il les combat, il les tue ou pour sa nourriture ou pour sa propre défense ; et signaler son courage contre eux, c’est se rendre digne du rang de héros ou de demi-dieu, c’est mériter les autels.
Quand les sociétés plus nombreuses commencent à se civiliser, quand les animaux dangereux ont été détruits ou forcés à se réfugier dans le fond des forêts, quand l’empire de l’homme sur la terre n’est plus contesté, alors celui-ci, moins craintif et plus industrieux, se rapproche des espèces paisibles, lie en quelque sorte connaissance avec elles, et finit par les associer à ses travaux, les protéger, les nourrir et en faire ses compagnons et ses amis.
Mais ne voyant dans les animaux qu’une propriété dont il peut disposer à son gré, l’homme social trop souvent sanguinaire et cédant avec trop de facilité aux penchants destructeurs de la vie sauvage, se permet ò leur égard des traitements […]
P. 6/7 Condillac, le sage Condillac, qui a si habilement montré les moyens d’éviter l’erreur, n’a pas toujours su s’en garantir, et celui qui avait si bien appris aux autres à se méfier des principes généraux, ne s’en méfia pas assez lui-même dans cette circonstance. Il ne craignit pas d’avancer que l’instinct n’est rien ou que c’est un commencement de connaissance. C’était nier l’instinct, c’était anéantir ces habitudes, cette industrie innée que la nature a donné à un assez grand nombre d’animaux ; après avoir si ingénieusement analysé les sensations, il voulut trop tout expliquer par elles, et circonscrire dans ce cercle unique toutes les opérations des animaux. Sans doute l’instinct réfléchi, cette première ébauche de la raison, influent influe sur leurs actions ; mais il n’est pas moins vrai que les instincts industrieux des insectes, des oiseaux et de quelques quadrupèdes agissent en ceux-ci indépendamment de toute réflexion et sans qu’ils aient à être instruits et formés par l’empirisme.
En quittant les insectes et en faisant un pas de plus dans l’échelle des êtres, je trouve les oiseaux, peuple léger et charmant, que la nature – dit son immortel historien – semble avoir créés dans sa gaité. Leurs membres, leurs poumons, leurs os, tout est disposé pour qu’ils puissent voler et s’élever dans l’air, ils voleront donc et s’élèveront dans l’air, comme les insectes. Ils ont un instinct industrieux, ils se construisent un nid élégant sans avoir reçu aucune instruction. Ce que j’ai déjà dit sur cet instinct peut s’expliquer ici, mais on peut remarquer de plus qu’au moment où les oiseaux bâtissent leur nid, ils éprouvent le besoin le plus impérieux de tous les êtres, l’amour. Cette passion doit nécessairement modifier leurs organes intérieurs et faire naître dans leurs cœurs une infinité de sensations inconnues jusqu’à ce moment.
La femelle alors sent le besoin de se coucher sur le ventre, et doit chercher un appui commode pour se reposer. Si les nids des oiseaux sont toujours les mêmes dans chaque espèce, c’est qu’il était inutile qu’ils fussent variés, et que d’ailleurs cette variété n’aurait procuré aucun avantage à l’animal. Celui-ci, donc, obéit aux impressions qui lui ont été transmises par la naissance, et comme le père, en faisant son nid a éprouvé telle modification intérieure, le fils en éprouvant la même modification, construira son nid de la même manière.
Il suffit que le premier oiseau d’une espèce ait une belle conformation, ait donné à son nid telle forme déterminée pour que ses descendants suivent constamment le même modèle. On sait que les habitudes des pères passent à leurs enfants et qu’un chien courant engendrera des petits qui poursuivront le gibier naturellement. En général les animaux sont moins imitateurs que l’homme, ils sont plus eux mêmes, ils agissent, pour ainsi dire, d’inspiration et de génie. D’ailleurs, l’instinct industrieux n’agit pas seul dans l’oiseau qui se prépare un nid, l’instinct réfléchi y entre aussi pour beaucoup, et l’expérience prouve que l’oiseau avancé en âge choisit mieux la place de son nid et le construit avec plus d’élégance et de solidité. Dans les autres circonstances de la vie, l’oiseau montre bien plus de réflexion que l’insecte, il a contre ses ennemis des moyens plus combinés d’attaque et de défense, il est susceptible d’un certain degré d’instruction, il a plus de mémoire et un plus grand nombre d’idées. Sa tête est toute géographique et sa vue étendue lui donne la connaissance d’une multitude de lieux où il peut trouver plus aisément de la nourriture et des abris. […] Son instinct réfléchi doit plus ou moins s’étendre selon son genre de vie, et les frugivores qui trouvent des grains partout auront moins d’industrie et de sagacité que les carnivores, exercés par la nécessité d’épier, de chasser et de combattre.
Mais cet instinct réfléchi ou plutôt cette raison se fait principalement remarquer dans les quadrupèdes. Plusieurs ont des instincts industrieux, mais plus libres, plus indépendants que ceux des insectes et des oiseaux, et presque tous tiennent leurs connaissances de la réflexion et de l’expérience. Quelques-uns approchent beaucoup de l’homme et possèdent à un degré assez élevé, les facultés intellectuelles mais, comme les oiseaux, l’organisation les divise en frugivores et carnivores.
P. 12/13 La nature, en donnant l’instinct réfléchi à l’animal et la raison à l’homme en avait assez fait pour leur conservation individuelle, mais cela ne suffisait pas pour l’union des espèces. Il fallait, pour ce dernier point, un nouveau principe qui dirigeât les animaux à leur insu et indépendamment de toute réflexion, il fallait qu’ils se sentissent attirés les uns vers les autres pour un plaisir involontaire dont ils n’eussent pas à se rendre raison. Il fallait qu’un sentiment subit, imprévu, les portât à s’aider, à se secourir mutuellement dans leurs dangers et dans leurs douleurs. La nature en cette occasion n’a pas manqué à l’homme et à l’animal : elle leur a donné la sympathie, la pitié – véritable lien de tout ce qui respire – c’est cette pitié qui parmi les animaux est la source de leurs rapports naturels et qui, chez les hommes, est la vertu elle même, à laquelle on a imposé différents noms pour exprimer les divers point de vue sous lesquels elle se fait sentir, germe de tout ce qu’il y a de bon et de sacré dans la société, elle fait naître tous les mouvements vertueux, et inspire la répugnance à faire du mal ; elle vaut mieux, elle est plus puissante que toutes les lois. Celles-ci sont la sûreté de la société ; la pitié en fait l’agrément et le bonheur ; les lois empêchent les hommes de s’entrégorger, la pitié les oblige à s’aimer, l’humanité, la générosité, la bienfaisance, voilà son ouvrage. C’est elle qui, en faisant souffrir l’homme à la vue des douleurs de ses semblables, lui a commandé la douceur et défendu la cruauté ; c’est elle qui, en lui faisant éprouver les mêmes sensations pénibles à la vue des tourments des animaux, lui a également défendu de les maltraiter.
En effet, par cela seul que les animaux sentent comme nous, qu’ils sont comme nous capables de plaisir et de douleur, qu’ils sont péniblement affectés par les douleurs et les maladies, qu’ils crient et gémissent dans leurs souffrances, par cela seul, dis-je, nous ne pouvons sans danger pour nous mœurs, être durs et inhumains à leur égard.
Descartes, qui ne vit que des machines dans les bêtes et leur ôta tout sentiment, osa nier l’évidence et démentir tous les faits. Il tarissait ainsi, sans le vouloir, une des principales sources de la pitié et […] à la vertu. La force de bête avec laquelle il enchaînait ses propositions, lui fit confondre la réalité avec les mots et la nature avec ses idées. Il dénatura l’homme pour en faire une espèce d’ange, il dégrada l’animal pour n’en faire qu’une plante. Mais les erreurs de l’auteur du doute méthodique ne peuvent être dangereuses. Il avait appris lui-même à les reconnaître et à les refuser.
Descartes n’a plus de partisans aujourd’hui et tout le monde est d’accord sur la sensibilité des animaux. C’est cette sensibilité qui, nous intéressant à leurs peines et à leurs plaisirs nous […] en leur faveur et nous rend compatissants : mais cette compassion paraît devoir se régler d’après les rapports plus ou moins proches entre leur organisation et la nôtre. L’insecte, si différent de l’homme par ses formes extérieures, s’éloigne encore plus de lui par sa conformation intérieure. Il a le cœur formé d’une suite de nœuds, le sang, froid et blanc, il respire, il sécrète d’une manière particulière. Privé de la voix, il ne peut donner à nos oreilles ces secousses puissantes qui savent émouvoir toutes les fibres sensibles. Sa vie courte et rapide ne lui permet pas de se livrer à l’éducation de ses enfants, et la nature est obligée de leur servir d’instituteur. Cette diminution de besoins et de devoirs diminue sa sensibilité, sa moralité et l’intérêt que nous pourrions prendre à son sort.

P. 15/16 Mais qui peut arrêter ces petits animaux malfaisants, ces jeunes sauvages qu’on appelle les enfants ? Dans la belle saison où la nature libérale se plaît à répandre ses présents avec profusion, on les voit parcourir les bois en troupe, se plaire à porter la désolation et le désespoir dans l’âme des oiseaux pères de famille, briser leurs nids et leurs œufs sans pitié, sans commisération, se jouer cruellement de leurs cris et de leurs plaintes, et redoubler leur joie féroce quand ils ont pu saisir sur son nid cette mère victime de sa tendresse et qui affrontait tous les dangers pour l’intérêt de sa couvée. Les barbares ! Rien ne les arrête, rien ne les attendrit ! Encore si c’était le besoin qui les portât à cet acte de cruauté, on pourrait les excuser, le soin de la vie est la première loi de la nature animée ; mais non, ils répandent partout le deuil et les larmes, ils ravagent, ils tuent, ils massacrent pour leur amusement. Sensible Virgile, tu compatissais aux malheurs de ces innocents oiseaux quand tu appelais barbare le laboureur qui portant sa main dans le nid de la tendre Philomèle en arrachait les petits, quand tu peignais en vers inimitables la douleur touchante, les cris attendrissant de cet oiseau désespéré ! Et vous, parents imprévoyants, spectateurs apathiques de toutes ces atrocités, vous fomentez ainsi l’insensibilité de vos enfants, à côté de ces penchants destructeurs que la nature a donné à tous les animaux carnivores pour leur conservation, elle avait eu soin de placer la pitié <…> de tous les sentiments doux et généreux ; mais vous avez laissé étouffer ce germe qu’il vous était si facile de développer, une légère punition, un seul mot suffisait pour cela, mais ce mot, vous avez été assez imprudents pour ne pas le dire, cette punition, vous n’avez pas eu le courage de l’infliger.
Un jour peut-être vos enfants, fléaux de la société, seront votre tourment et mépriseront des larmes plus précieuses que celles des oiseaux ; mais c’est vous qui l’avez voulu, vous recueillerez ce que vous avez semé, et vous aurez perdu le droit de vous plaindre.

P. 17 La plupart des quadrupèdes diffèrent [sic] de l’homme par les extrémités, quelques-uns s’en approchent beaucoup mais tous, à l’exception d’un petit nombre, ont une organisation intérieure à peu près semblable à la sienne : ils sont vivipares et mammifères comme lui ; nous comprenons les voix et les signes dont ils se servent pour exprimer ce qu’il sentent, comme ils comprennent les accents de nos passions. Dans la joie, les yeux brillent, leurs mouvements sont rapides ; dans la douleur, ils crient, ils gémissent, ils semblent pleurer comme nous ; plusieurs sont nos collaborateurs, nos compagnons, nos défenseurs, nos amis. Le chien qui entend notre voix se réjouit et s’afflige avec nous ; qui partage nos courses et nos promenades, qui garde notre maison et défend notre vie non pas contre les lions et les tigres, mais contre l’homme même dont la moralité se pervertit si facilement, le chien, dis-je, s’est réuni avec nous contre les autres animaux, et affermit sur eux notre empire qui, sans son secours, perdrait beaucoup de son étendue.
 
P. 18/19/20 Nous l’avons vu, les animaux nous sont inférieurs par l’intelligence, et l’homme civilisé a de ce côté une supériorité bien remarquée ; il n’en est pas tout à fait de même du côté des mœurs : celles des animaux sont plus simples, plus pures, plus vraies, plus près de la nature que les nôtres. On ne voit jamais ceux-ci attaquer l’homme, du moins dans nos climats, et se jeter sur lui si on est dans la rage ou dans la folie. Ils suivent inviolablement la loi de crainte et de respect que la nature leur a prescrite à notre égard. Ils ne peuvent l’enfreindre, direz-vous : qu’importe ? En valent-ils moins parce qu’ils nous sont soumis ? Et faut-il que nous soyons cruels envers eux parce qu’ils sont forcés d’être bons avec nous ? Il me semble que ce serait un motif de plus pour les ménager, si nous savions être capables de quelque générosité et apprécier le mérite de la douceur des mœurs.
Cette insensibilité que nous montrons pour les animaux, cette morale barbare que nous nous faisons à leur égard, les plus féroces d’entre eux ne l’ont point souvent envers nous. Ils se laissent toucher et atteindre par nos cris, ils savent compatir à nos douleurs, je ne puis m’empêcher de citer, à l’appui de ce que j’avance, un trait frappant qui prouvera la correspondance ou plutôt l’identité des sentiments moraux entre les animaux et nous.
« Un lion s’était échappé de la ménagerie du Grand Duc de Florence et courait dans toutes les rues de la ville, l’épouvante se répand de tous côtés, tout fuit devant lui, une femme qui emportait son enfant dans son bras le laisse tomber en courant. Le lion le prend dans sa gueule, la mère éperdue se jette devant l’animal terrible et lui redemande son enfant avec des cris déchirants, le lion s’arrête, la regarde fixement, remet l’enfant à terre sans lui avoir fait aucun mal et s’éloigne. Pour arrêter la dent meurtrière du lion, ajoute la harpe [sic], la mère n’avait qu’un cri, il fallait que le lion entendit un cri et qu’il en fut touché, il l’entendit et il en fut touché ». […]
On ne peut refuser de la moralité aux animaux et ils donnent des marques assez visibles dans la conduite qu’ils tiennent entre eux. Personne n’ignore quel zèle, quel concert, quelle concorde, quelle ardeur pour le travail règnent parmi ceux qui vivent en société. On connaît l’attachement des femelles pour leurs petits, elles corrigent celui qui les mord, caressent celui qui les baise ou les lèche et répriment vigoureusement le […] qui bat ses frères. Le père s’empresse d’apporter à manger à sa famille naissante. Ces animaux jouissent en remplissant ces devoirs, ils sont chéris, considérés par tout ce qui les entoure. On voit au contraire souffrir les négligents et les paresseux ; ils sont méprisés et mal accueillis par leur femelle et leurs enfants. C’est donc chez eux la même morale que chez nous, et sans livres, sans lois, sans juges et sans tribunaux, sans prédicateurs et sans temples ; ils la pratiquent bien mieux que nous.
La vie des animaux est le tableau de la nôtre, leur conduite est pour nous un modèle et leurs exemples peuvent nous servir de leçon.
Ils pratiquent sans ostentation les vertus dont nous faisons si grand bruit : la prudence, la vigilance, le courage, la décence.
 
P. 21/22/23 Les traitements barbares exercés sur les animaux ne sont jamais indifférents, la pitié à leur égard devient facilement humanité, si ce n’est l’humanité elle-même, et les hommes cruels envers eux, le seront facilement envers leurs semblables. Si l’on examinait la vie de ceux qui se sont fait connaître par des traits de scélératesse, on verrait presque toujours que les animaux ont été les premiers objets de leur cruauté.
Les hommes employés par état à verser le sang des animaux ou qui le voient verser chaque jour sous leurs yeux, dit un physiologiste célèbre, se font remarquer en général par des mœurs dures, impitoyables et féroces… l’on sait qu’il y a des pays où pour différents actes sociaux, la législation les sépare en quelque sorte du reste des citoyens.
On reconnaît cette dureté des mœurs parmi ceux qui passent leur vie à chasser et surtout parmi cette espèce d’hommes que l’on appelait autrefois braconniers, toujours au milieu des bois et de la solitude, toujours occupés à tendre des pièges aux animaux et à leur donner la mort, ils doivent s’endurcir jusqu’à un certain point et se porter ensuite plus facilement à des excès envers leurs semblables. Les peuples chasseurs n’ont qu’un pas à faire pour être anthropophages et le franchissent souvent. Les Lacédémoniens qui faisaient de la chasse leur principale occupation, tuaient aussi les ilotes par partie de plaisir. Les siècles ignorants et barbares ont toujours été ceux où la chasse a été le plus en honneur, et où la plus belle de toutes les sciences pour les grands et pour les rois était celle de la vènerie et de la fauconnerie.
Louis XI, le roi de la France, était si passionné par la chasse que sous son règne il était plus sûr de tuer un homme qu’un cerf, en 1531 un certain D’Interville, évêque d’Auxerre fut condamné pour avoir vendu à son insu quelques oiseaux de fauconnerie. Charles IX aimait beaucoup la chasse et M. de Thou, ajoute que la passion de ce jeune monarque pour cet exercice le rendit cruel. La chasse peut être un divertissement, une occupation utile pour le propriétaire qui veut occuper son loisir, ou détruire des bêtes qui nuisent aux moissons et aux troupeaux, mais cet exercice, trop répété, dégénère en passion. Il est surtout dangereux à l’homme du peuple qui y perd du temps précieux, et qui apprend à y manier une arme dont il abuse trop facilement, il peut encore être utile au guerrier qui vient y braver des dangers et y chercher une image de la guerre. C’est ainsi qu’Henri IV aimait la chasse : mais quand on ne veut que tuer des animaux sans effort, quand on les rassemble dans un asile hospitalier pour répandre leur sang plus commodément, on se familiarise alors avec la férocité et tous ses excès. Louis XI dans sa dernière maladie, pour suppléer au plaisir de la chasse [sic] qu’il avait toujours aimée en homme avide de sang, ordonnait qu’on lui attrapât des gros rats, et les faisait chasser par ses chats dans ses appartements.
Les bouchers, toujours nageant dans le sang des animaux les plus paisibles, doivent contracter des mœurs dures et barbares plus facilement encore que les chasseurs, vivant au milieu du courage et des meurtres, ils sont, pour ainsi dire, les sauvages de la société. Le spectacle continuel des convulsions de la douleur et d’une mort violente les dispose malgré eux à des actes sanguinaires. De pareils hommes dans des séditions seront toujours les premiers à ensanglanter la scène, et j’en ai vu pendant la révolution se porter à des actes de la plus atroce cruauté. Au reste, ceci n’est pas sans exception et il faut avouer d’ailleurs que les bouchers rendent un service essentiel à la société. Ils ont sans cesse l’agonie et la mort sous les yeux pour en épargner le tableau à leurs semblables ; ils s’entourent de sang pour nous éviter l’horreur qu’il pourrait nous inspirer ; la société se décharge, pour ainsi dire, sur eux de ce qu’il peut y avoir d’odieux dans le meurtre des animaux ; les mœurs générales s’adoucissent à leurs dépens et il est des hommes qui se sont nourris de chair toute leur vie sans avoir jamais vu palpiter de douleur et d’effroi les membres des timides animaux que l’on fait expirer sous la masse et par le couteau.
Les cuisiniers qui taillent en pièces et démembrent l’oison privé, le pigeon familier, le coq et la poule domestique ne doivent pas être éloignés de ressembler aux bouchers ; mais sous un autre rapport, ils sont également utiles à la société, ils doivent par leur art déguiser la mort à nos yeux et à rendre presque inreconnaissables [sic] les membres des animaux ; ce n’est pas de la chair et du sang que l’on présente sur nos tables, ce sont des objets nouveaux, des sucs élaborés qui n’opèrent plus de la même manière sur nos estomacs, sur notre cerveau et sur nos idées par conséquent. L’art du cuisinier n’est pas aussi peu important qu’on le croirait au premier coup d’œil, si au lieu de nos poulets cuits et assaisonnés, nous mangions la chair et buvions le sang des animaux, comme le faisaient les premiers hommes, comme le ferait tout homme éloigné de la société, si même à nos viandes déguisées, nous rajoutions encore des graines et des légumes, toutes les plus belles institutions du monde auraient de la peine à nous garantir des mœurs des sauvages les plus farouches, tant sont étroitement liés liées les lois de l’hygiène et de la morale !
Les chirurgiens sont obligés par état de faire souffrir leurs semblables, de leur causer souvent les douleurs les plus cruels, pour le faire avec moins de répugnance, il suffit qu’ils aient déjà opéré sur des animaux : celui qui a appris à maîtriser leurs cris peut ne pas être touché s à ceux de ses semblables. Mais ici l’éducation, la culture de l’esprit, la noblesse des motifs arrêtent les suites funestes que pourrait avoir cette dureté.
Les héros du temps d’Homère assommaient et égorgeaient eux-mêmes les animaux qui servaient à leurs festins, mais aussi ils massacraient souvent leurs prisonniers ou les conduisaient au plus terrible carnage. Les héros d’aujourd’hui un peu plus policés que ceux d’autrefois, se gardent bien de faire l’office des bouchers, mais ainsi ils laissent la vie et rendent bientôt la liberté à leurs prisonniers ne trempant pas leurs mains dans le sang des animaux, ils ne les trempent pas non plus dans le sang des hommes qui s’avouent vaincus.
Les prêtres païens peuvent être regardés comme des espèces de bouchers, ils avaient toujours le couteau à la main, et leurs temples étaient des lieux de carnage et de sang ; sacrificateurs des animaux, ils le devenaient facilement des hommes. Dans les grandes calamités ou lors qu’il s’agissait d’entreprises périlleuses, ils ne manquaient pas de demander des victimes humaines au nom de leurs dieux. Il y avait bien dans la Grèce quelques autels où l’on n’immolait pas de victimes et sur lesquels on offrait des gâteaux, de l’orge et du froment. Pythagore et ses disciples les plus zélés s’abstenaient des sacrifices sanglants ; ce philosophe leur disait : « gardez-vous d’arracher la plante dont l’homme retire de l’utilité et de tuer l’animal dont il n’y a pas à se plaindre », mais ceci n’était qu’une exception à la règle générale et le sang ne ruisselait pas moins dans les temples du paganisme. Honneur et mille fois honneur à la religion chrétienne qui a aboli ces sacrifices barbares et qui a l’effusion de sang a substitué l’oblation du pan et du vin. C’était un très grand pas vers l’adoucissement des mœurs, c’était un véritable service rendu à la société et si la suite n’a pas toujours répondu à ces commencements, si les prêtres chrétiens n’ont pas toujours été humains, il fallait s’en prendre à leur trop grande puissance, à la barbarie des temps, à l’altération des dogmes, à la faiblesse des gouvernements, et non à une religion douce et pacifique qui encore contribue à détruire l’esclavage et qui par ces deux services mérite la reconnaissance des philosophes.

P. 25 On connaît ces fameuses courses de taureaux qui ont lieu chaque année en Espagne. Les Espagnols sont peut-être la seule nation moderne où l’on retrouve des combats d’animaux semblables à ceux des Romains. Dans ces spectacles on voit des taureaux éventrer vingt ou trente chevaux, estropier les hommes et quelques fois les tuer. Il est à remarquer que ces combats ont lieu dans un pays où les autodafés étaient autrefois communs, et chez les descendants de ces Espagnols qui avaient dressé des chiens pour aller à la chasse des Américains. Sont-ce les cruautés envers les hommes qui ont amené ces jeux barbares où l’on met à mort des animaux, ou sont-ce les traitements sanguinaires envers ces derniers qui rendent cruels à l’égard des hommes ? Peu importe maintenant pour la question que nous traitons ; il est assez reconnu que l’insensibilité pour les hommes et les animaux est produite par les mêmes causes et amène les mêmes effets.
Je ne dirai qu’un mot des combats de coqs en Angleterre : on arme d’un fer tranchant les pattes de ces coqs afin qu’ils se fassent de profondes blessures et se tuent plus facilement. Quoique ces combats d’oiseaux ne soient pas aussi sanglants que ceux des quadrupèdes en Espagne, je ne les crois pas cependant sans danger.
On dit que tous les dimanches aux environs de Paris des bouchers font battre publiquement leurs chiens les uns contre les autres. Le petit peuple court sans doute à ces combats. J’en suis fâché pour lui ; ses mœurs ne sont pas déjà très douces, et de pareils spectacles ne sont pas faits pour les améliorer.
Pénétrés des suites funestes que peuvent avoir les traitements barbares envers les animaux, tous les philosophes et les moralistes les plus respectables se sont fait un devoir de recommander la douceur à leur égard ; à leur tête se trouve le bon et moral Plutarque qui condamne la dureté du Lacédémonien pour les ilotes et voudrait au contraire qu’on s’accoutumât à user toujours de la bonté envers les bêtes ne fût-ce – dit-il - que pour apprendre par-là à bien traiter les hommes et à faire une espèce d’apprentissage de douceur et d’humanité. Il faisait conscience d’envoyer à la boucherie, pour un léger profit, un bœuf qui l’avait longtemps servi. Montaigne, qui a suivi les traces de Plutarque, Montaigne ? disait : « de moi je n’ai pas su voir seulement sans déplaisir, poursuivre et tuer une bête innocente qui est sans défense et dont nous ne recevons aucune offense », je ne prends guère bêtes en vie à qui je ne donne les champs. Charron, disciple de Plutarque, et de Montaigne et qui a fondu dans ses écrits la doctrine de ces deux moralistes, termine ainsi dans son traité De la Sagesse, le chapitre où il compare l’homme aux animaux.

P. 27/28/29 Si l’on m’a bien suivi, il y a longtemps que l’on a pu tirer une conclusion peu liée avec nos idées ordinaires, mais qui n’en est pas moins incontestable et que voici : c’est que nous avons des devoirs à remplir envers les animaux ; c’est que nous ne pouvons les enfreindre, ces devoirs, sans violer les règles éternelles de la morale, gravées dans tous les êtres sensibles ; c’est que nous devons, toutes les fois que les circonstances n’exigent pas impérieusement le contraire, pratiquer envers eux ce grand axiome de la morale : ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qui te fut fait à toi-même ; ne traite pas un être sensible comme toi, être sensible, ne voudrais pas être traité.
Ce principe est universel, immuable et s’applique à tous les êtres selon les rapports plus ou moins étroits qui les unissent entre eux. C’est une loi fondée sur l’organisation, une loi naturelle longtemps oubliée [et] méconnue, mais contre laquelle on ne prescrit pas, et désormais nos traités de morale pour être complet devront renfermer un chapitre sur les devoirs envers les animaux.
A Dieu ne plaise cependant que je veuille assujettir les hommes au régime pythagoricien, on a dû voir que ce n’était nullement nos intentions. Il ne faut pas être plus sage que la nature qui a visiblement multiplié à l’infini certaines espèces afin qu’elles servissent de pâture à d’autres, sous les eaux, sur la terre et dans les airs, elle a créé des animaux qui périraient s’ils n’avaient d’autres ressources que celle des grains et des végétaux. Sans ce contrepoids, l’équilibre eut été bientôt rompu entre tous les êtres, et quelques animaux auraient absolument envahi l’espace accordé aux autres. L’homme peut donc manger les bêtes sans crainte et sans remords, mais il ne faut pas qu’il abuse de ce pouvoir. « Mangeons de la chair – dit Plutarque – pourvu que ce soit pour satisfaire à la nécessité et non pour fournir aux délices ni à la luxure : tuons un animal, mais pour le moins, que ce soit avec commisération et avec regret, non pas par un jeu et avec plaisir, ni avec cruauté ».
Quelques personnes – il est vrai – bien loin de maltraiter les animaux, ont au contraire pour eux trop d’attachement et de complaisance ; c’est un défaut que l’on reproche principalement aux femmes : je ne prétends pas les justifier à cet égard. La bienfaisance de l’homme doit d’abord s’exercer envers l’homme ; mais l’excès de douceur envers les animaux est bien moins commun, bien moins dangereux que l’excès contraire. C’est une sensibilité mal placée, il est vrai, mais enfin c’est de la sensibilité, et il est peut-être permis aux femmes de […]quelquefois aux femmes qui se présentent toujours en premières quand il s’agit d’exercer des actes de bienfaisance, qui sont si actives à soulager, à diminuer les maux de l’humanité, et qui, comme les vestales de Rome gardiennes du feu sacré, sont chargées d’entretenir sur la terre le foyer de la pitié toujours près de s’éteindre, et qui, sans leur secours, ne jetterait bientôt plus la moindre étincelle.
Je crois maintenant avoir suffisamment démontré que les animaux ont avec nous des rapports très proches d’intelligence et de moralité, et que, si leur raison ne va pas aussi loin que la nôtre, ils nous surpassent le plus souvent par les qualités du cœur, qu’ils nous sont unis par le lien de la sensibilité et de la pitié, et que nous ne pouvons briser ces liens sans danger pour nos mœurs. Je crois avoir également prouvé que nous avons des devoirs de morale à remplir envers eux, devoirs qui sont presque aussi sacrés que ceux qui nous lient à nos semblables, parce qu’ils ont la même origine, la nature et ses lois. Tous les meilleurs moralistes sont d’accord en ce point ; les faits les plus positifs sur cette matière viennent à l’appui de la raison, et les exemples de plusieurs professions, de plusieurs peuples et surtout des Romains, montrent clairement que la cruauté envers les animaux a toujours les suites les plus dangereuses et que les traitements barbares exercés à leur égard influent sur la morale publique au point de la pervertir, d’en détruire les véritables fondements et de rendre les hommes barbares envers les hommes.
III. - Si nous sommes unis aux animaux par des liens aussi étroits que ceux qui viennent d’être indiqués, si nous ne pouvons les maltraiter sans vicier notre sensibilité, sans donner atteinte aux sentiments de moralité et de sociabilité que l’éducation peut étouffer ou développer en nous ; la conséquence, ce me semble, est facile à tirer, il n’y a pas à balancer, il faut que le législateur empêche, autant qu’il est en lui, les traitements cruels envers les animaux. Je sais que l’on doit être parfois porter de nouvelles lois, dont on ignore souvent les inconvénients, que les avantages qu’on s’en promet sont quelquefois imaginaires, leur perfection est une chimère et qu’elles ne peuvent avoir qu’une bonté relative ; mais ces réflexions applicables surtout à des lois qui auraient pour but de changer d’anciennes coutumes, d’en introduire de nouvelles, de contrarier des habitudes d’un peuple, ne peuvent regarder une simple loi de police dont l’effet nécessaire serait d’améliorer le sort des animaux et de renforcer dans les hommes le sentiment de la pitié, nous nous bornons tout au plus à empêcher les hommes d’être méchants. Que n’imitons-nous les Anciens : leur lois forçaient d’être bons.
L’homme est un être ondoyant, capable de tous les égarements, les Egyptiens, comme nous l’avons vu, ont adoré des animaux, les Indiens voient en eux leurs amis, leurs parents, leurs frères ; les Romains les ont traités avec barbarie, et les peuples modernes imitent assez l’exemple des Romains. Ces excès ne peuvent servir de règle, et s’écartent de ce juste milieu qui indique la justice et la modération. Il faut adopter des usages dignes d’un peuple civilisé, propres à adoucir des mœurs et à simplifier ses goûts.
Ainsi le législateur peut avec utilité empêcher les jeunes villageois de parcourir les bois pour détruire les nids des oiseaux, de ces animaux doux et paisibles pour la plupart ; c’est d’ailleurs veiller sur les arbres dont les enfants brisent les jeunes branches, c’est arrêter la multiplication des chenilles, c’est conserver des animaux qui plus tard serviront à la nourriture de l’homme.
Les habitants de la campagne qui en général ne se piquent pas d’une grande sensibilité, ont dans leurs fêtes des amusements grossiers et barbares. Ils attachent des oies ou d’autres malheureux oiseaux à un gibet, et leur lancent des bâtons, ils les font périr au milieu des plus cruelles tortures. Quel inconvénient aurait-il à défendre de pareils jeux ?
Plus cruels que les villageois, des hommes ou bouchers ou dignes de l’être, excitent des chiens pour les faire battre en public ; nous avons parlé des combats qui tous les dimanches ont lieu à Montfaucon, près de Paris. Je ne serais point étonné qu’il y eut de semblables dans plusieurs grandes villes ou dans le voisinage ; certes les mœurs ne peuvent que gagner à l’interdiction de ces combats.
Depuis quelques temps il s’est établi à Paris une coutume assez barbare envers les chiens, on les charge, on les attache comme des bêtes de somme, on force ces animaux vifs et pétulants à trainer une voiture souvent assez pesante ; on les maltraite, on les frappe quand ils s’acquittent mal de leurs fonctions.
Est-ce ainsi que doit être traité le meilleur ami de l’homme ? L’ancienne police – dit-on – défendait qu’on chargeât ainsi les chiens.