Les enluminures - tome 4

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La quête du Graal a commencé. Tristan, Galaad, Lancelot et les chevaliers de la Table Ronde, à la recherche de la gloire éternelle, s'élancent sur les chemins et trouvent aventures, merveilles, enchantements, périls de toutes sortes. Mais pendant la quête, amour n'est pas permis ! Tristan et Iseult devront passer un an - tout un tome - l'un sans l'autre, épreuve la plus dure qu'ils connurent jusqu'alors.

Feuillet 344 - Helie, le fils de Saxe

Le combat de Tristan et Helie - épisode 2, saison 4 : Helie, le fils de Saxe (en production, bientôt sur vos ondes)

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— Au nom de Dieu ! s’exclame le chevalier. Tu es l’homme qui m’a le plus nui au monde et que je dois le plus mortellement haïr ! Dis-moi, te souviens-tu de ce prince de Saxe que tu affrontas devant Tintaïol en faveur du royaume de Cornouaille que les Saxons voulaient conquérir ? Il y était venu tant de gens et de peuple qu’ils l’auraient bien gagné par la force si tu n’avais pas été là. Tu peux encore t’en souvenir car, depuis, peu de temps s’est écoulé. (C'est l'épisode 3 de la saison 3 : Bataille pour un royaume)
— C’est vrai, dit Tristan, je m’en rappelle bien. Il était brave ; c’était un chevalier de grande valeur et de grand prix qui combattait pour les Saxons contre moi. Il s’appelait Hélian.
— Il était mon père, poursuit le chevalier.

Feuillet 348 - Dinadan, chevalier moqueur

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Quand Dinadan avise Palamède en compagnie de Tristan, il est tout ébahi car il savait bien que grand temps était passé depuis qu’ils avaient parlé ensemble.
« Palamède, demande Dinadan, est-ce toi ? Dieu t’a donc réuni avec Tristan ? Je ne sais que croire, si tu es ou non Palamède. Je dis que si tu es Palamède, l’autre à qui je parle n’est pas Tristan. Car Palamède et Tristan ne pourraient être réunis et rester en un même lieu, pas plus que la clarté et l’obscurité. Car vous êtes, je le sais bien, les choses les plus contraires qui soient en ce vaste monde. C’est pourquoi je dis que tu n’es pas Palamède ou que l’autre à qui je parle à l’instant n’est pas Tristan. Car Palamède et Tristan ne pourraient être ensemble et rester une seule heure dans le même lieu. Et si concorde est venue entre vous par quelque péché, Renart et Isengrin sont frères et bienveillants. Pour l’amour de Dieu, Palamède, dis-moi quand cette paix a commencé. Je parle de paix et non de trêve. Certes, s’il y a la paix entre vous, elle ne vint pas par amour. Elle vint par peur que l’un de vous a, ou peut-être les deux. »
Palamède éclate de rire quand il entend ces dires.
« Ah, fait-il, Dinadan, pitié, ne nous raillez pas ainsi.
— Tristan, poursuit Dinadan, dis-moi, que Dieu te bénisse, y a-t-il donc paix entre vous deux ? Si paix il y a, cela ne doit pas dater de bien longtemps.
— En effet, je le sais bien, Dinadan, approuve Tristan. Sachez qu’il n’y a entre nous nulle paix. Mais je ne souhaite pas non plus la guerre. »

Feuillet 361 - Gauvain, le vil chevalier

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Messire Gauvain n’attend pas. Il vient droit à la reine tout monté. Et la reine, qui est fâchée et qui trouve cette attitude très orgueilleuse, le montre à Érec et lui dit : « Sire, voyez ici l’orgueil et l’outrecuidance de ce chevalier. Même s’il n’y avait ici que des demoiselles, il aurait dû descendre.
— Ma dame, dit Érec, apprenez que tous les chevaliers ne sont pas courtois. Et si j’ai déjà vu durant ma vie des chevaliers vils, celui-ci en est un. Devant Dieu, je n’aurais pu croire qu’un chevalier errant fasse preuve de tant de bassesse. » Après avoir parlé ainsi, il se lève et dit : « Ah, dame, j’agis vilement en quittant votre table sans permission. Mais la bassesse que je vois chez ce chevalier me pousse à agir bassement. »
Voici venir messire Gauvain. Dès qu’il aperçoit Érec, il est plus enclin qu’auparavant à commettre quelque outrage car il lui vouait un mal mortel pour maintes raisons. Érec l’avait désarçonné de nombreuses fois et l’avait couvert de honte et de déshonneur. C’est pourquoi messire Gauvain s’avance par mépris pour Érec et non parce qu’il voulait du mal à la reine Iseult. Cependant, il ne lui souhaitait aucun bien non plus à cause de Tristan qui l’avait déshonoré il n’y avait guère de temps et devant Lancelot du Lac. Il ne voulait pas grand bien à la reine Iseult, mais il désirait la mort d’Érec.

Feuillet 380 - Le seigneur des Broussailles

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Messire Tristan dit alors à haute voix : « Apportez-moi mon écu ! » Et on lui obéit. Palamède prend le sien et le chevalier de Loenois fait de même.
Une fois munis de leurs armes, Palamède s’adresse au seigneur des Broussailles : « Chevalier, Dieu me garde, je vous préconise de laisser cette bataille. Vous êtes six chevaliers et nous sommes trois. Je vous affirme loyalement que vous serez déshonorés.
— Sire chevalier, fait-il à Palamède, que dites-vous ? Vous pourrez voir au final quel camp sera désavantagé. Devant Dieu, même si vous êtes Tristan de Loenois, que l’on considère comme le meilleur chevalier du monde, vous avez parlé trop orgueilleusement. Mais peut-être croyez-vous nous effrayer. »
Après ces paroles, ils n’attendent pas. Ils s’élancent les uns vers les autres. Messire Tristan en abat un dans sa course, gravement blessé. Palamède en désarçonne un autre et le chevalier de Loenois porte le sien à terre si bien que dans sa chute, il fut blessé au bras droit. Il ne pourra plus jamais porter ni écu ni lance. Après avoir abattu ces trois, et comme ils ne voulaient pas rompre leurs lances sur les autres, ils les tendent à leurs écuyers et empoignent leurs épées. Ils se ruent sur le reste des chevaliers. Messire Tristan frappe le sien si impétueusement qu’il le fait trébucher sur l’arçon de devant. Il le prend par le heaume et le tire à lui. Palamède n’épargne pas le sien. Et que dire ? Ils sont tous les deux preux et forts. Nul ne peut leur résister. Ils les défont et les déshonorent sans difficulté. Le chevalier de Loenois se met en peine et vainc son chevalier.

Feuillet 386 - Les copains d'abord

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« Beau sire, demande messire Lancelot, qui êtes-vous ? Que Dieu vous garde, ne me le cachez pas.
— Je ne me cacherai pas de vous, répond messire Tristan, bien que je le fasse avec d’autres. Apprenez que je m’appelle Tristan. Et cet autre chevalier se nomme Palamède. »
En entendant cette nouvelle, Lancelot est si heureux qu’il ne sait que répondre.
« Seigneurs, fait-il, ôtez vos heaumes. Je vous verrai. »
Et ils font comme il leur est ordonné. Quand il voit messire Tristan le visage découvert, il est inutile de demander s’il est prodigieusement heureux.
« Ah, sire, soyez vraiment le bienvenu. J’étais très désireux de vous voir. Jamais je ne venais dans un lieu où je trouvai des chevaliers errants sans demander de vos nouvelles. Et mon aventure fut telle que je ne pus rencontrer de chevalier qui sût m’en donner.
— Sire, je dis la même chose que vous. Apprenez que je désirais ardemment vous voir. Je ne souhaitais rien d’autre aussi vivement. Et puisque Dieu m’a donné une si belle aventure en me permettant de vous trouver, je suis ravi. »
Les compagnons se manifestent grande joie. Messire Lancelot fait joie à Palamède également et lui dit : « Palamède, devant Dieu, vous menez plus hautement vos faits pour l’honneur de la chevalerie que tout autre chevalier que je connais. Et que dire ? Par Dieu, votre renommée a surpassé celle des uns et des autres. »

Feuillet 388 - Palamède meurtri

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« Ami, comment vous sentez-vous ? »
Et Palamède ne répond rien comme s’il ne l’entendait pas.
« Ah, Dieu ! déplore messire Tristan. Que vois-je ? Messire Palamède, le meilleur chevalier du monde, est-il mort ? Toute la chevalerie est anéantie s’il est décédé ! »
Messire Tristan pleure fort. Et tout en pleurant, il délace le heaume de Palamède et le lui ôte. Voyant l’abondance de sang qui coulait de toutes parts, il croit vraiment qu’il est mort.

Feuillet 402 - Le chevalier à l'Écu Rouge vs Lancelot

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Les chevaliers, aussi forts et hardis que des lions, s’approchent l’un de l’autre. Ils voient bien qu’ils ne peuvent réaliser de prouesses discrètement. Aussi chacun fait-il de son mieux car ils savent pertinemment que cette bataille sera relatée à la cour du roi Arthur et en maints autres lieux. Et celui qui aura le dessous sera avili et déprécié toute sa vie.

Feuillet 408 - Retrouvailles des amants de Cornouaille

Tristan et Iseult se retrouvent enfin : c'est l'épisode 6 de la saison 4, Iseult ou les retrouvailles (en production, bientôt sur vos ondes).

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Tandis qu’ils parlaient ainsi, voici venir parmi eux messire Tristan. Quand la reine le voit arriver, elle le reconnaît aussitôt. Elle est incapable d’avancer. Elle est comme morte de la joie qu’elle a. Elle dit à voix basse car elle pouvait à peine parler : « Sire, soyez le bienvenu. Nous avons si longuement attendu votre venue que, Dieu merci, nous l’avons.
— Ma dame, demande messire Tristan, comment allez-vous depuis que je ne vous vis ?
— Sire, répond-elle, j’ai connu la détresse, la peine, la douleur et la tristesse. J’aurais dû mourir souvent si ce n’était de bonnes paroles et de bonnes nouvelles que j’entendis sur vous et qui me réconfortaient. »

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