Que vous dire ? Le roi Marc vient à la rencontre de son neveu et l’embrasse tout d’abord et ses compagnons ensuite. Il le reçoit avec plus de joie que son cœur ne lui dicte. Arrivé au palais, Tristan prend à présent Iseult par la main et se présente devant le roi Marc puis lui dit : « Bel oncle, voici Iseult, je vous l’ai amenée. Je vous la remets dans ce palais car c’est ici que vous me l’avez réclamée. C’est pourquoi je veux, en ce lieu, m’acquitter de ma tâche. »
Que vous dire ? Le roi Marc épousa Iseult dans l’église principale de Tintaïol et là, il la sacra reine. Après l’avoir épousée et couronnée, ils retournèrent au palais. Alors commencent la joie et la fête ; c’est merveille. Tous sont en joie. La cité de Tintaïol est remplie de liesse, si bien que l’on ne parle de nulle autre chose que de joie et de fête. Ce jour se déroule dans la liesse et la félicité. À la tombée de la nuit, Iseult sait bien qu’elle devra se coucher avec le roi Marc. Elle est si affolée qu’elle ne sait que dire ni que faire car elle ne peut oublier nullement Tristan.
Que vous dire ? Quand Iseult voit que le moment est venu de s’allonger avec le roi Marc, elle le fait, mais cela l’affecte fort. Brangain est prête à prendre place dans le lit au moment opportun. Messire Tristan et Gouvernal éteignent les chandelles qui étaient dans la chambre. Le roi Marc leur demande pourquoi ils agissent ainsi. Ils lui répondent que la coutume d’Irlande impose que, lorsqu’un homme noble couche avec une jeune vierge, on éteigne les cierges. « Et sachez, Sire, que sa mère me pria de l’observer. C’est pourquoi je les ai éteintes. » Pendant que le roi Marc converse avec Tristan, Iseult quitte à présent le lit et Brangain y entre. Tristan et Gouvernal sortent de la chambre et s’en vont.
Que vous dire ? Le roi Marc se couche avec Brangain et la trouve vierge ; puis il se retire. Alors Brangain sort rapidement du lit et Iseult prend sa place sans que le roi Marc s’aperçoive de cet échange. Le lendemain, le roi se lève et se rend dans la salle. Messire Tristan est déjà levé. Il se présente au roi et le salue. Le roi lui rend son salut très joyeusement et lui dit : « Tristan, beau neveu, vous m’avez bien gardé Iseult et pour cette raison, je fais de vous mon chambellan. Et je vous accorde la seigneurie du royaume de Cornouaille après moi. Je veux que vous en soyez le seigneur et maître comme moi-même. »
Le lai mortel
Ce n’est pas de joie que vient mon chant.
C’est en douleur que commence mon chant.
Trop m’est Amour dur et tranchant
Qui se va de moi vengeant.
Ah, Lancelot, beau doux ami,
À vous je veux que soit transmis
Le lai d’amour qui à mort m’a mis.
Elle n’avait pas cela promis.
Ce n’est pas la grande Guenièvre
Qui me tue. Ce n’est pas la fièvre.
C’est Iseult qui n’est lévrière.
En autre lieu ne gît le lièvre.
Amour fait fort pauvre gain
De ma mort et de mon chagrin.
Amour sait bien, point ne feint ;
Je prends mon dernier bain.
Iseult amie, à Dieu soyez ;
Voici Tristan l’abandonné
Qui de la mort fut sauvé
Si, par vous, il fut ravivé.
Mais puisqu’Iseult me délaisse,
Tout bien, toute joie je laisse.
La mort vient à moi en sursaut.
Je sens son dernier assaut.
Quand je suis trahi par femme et homme
Et par celle qui Iseult se nomme ;
Sans coup donné elle m’assomme ;
Je ne sais de mes maux la somme.
Dieu ! Quelle pauvre chevalerie
Fait Amour qui un mort guérit.
Chant et pleurs, tout à la fois,
Sonnent la fin de moi.